Tribune | La provocation d’Amazon qui débute ses soldes plus tôt que celles des commerces français

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La provocation d'Amazon qui débute ses soldes plus tôt que celles des commerces français

Jessica Nguyen, directrice Europe de FlipNpik.
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Encore une fois, le grand méchant Amazon frappe un grand coup et ne manque pas de s’attirer l’attention des médias. Les Primes Days, ou autrement dit la grande braderie sur Internet qui est l’équivalent des soles d’été, auront lieux cette année les 21 et 22 juin, au lieu de juillet comme à son accoutumée. Provocation envers les commerçants locaux ? Coup de génie médiatique ? Revenons quelques mois en arrière sur la pugilat contre Amazon.
Nous sommes à la fin du premier trimestre 2020 et le monde entier souffre d’une terrible pandémie liée à la Covid-19 (Coronavirus) qui crée un lock down mondial. La société américaine qui propose en sus du e-commerce, des services de cloud et de vidéo à la demande, voit son chiffre d’affaire exploser d’une hausse de 44 % par rapport à la même période en 2019, soit 108,5 G$. Coup dur pour les commerçants indépendants qui se battent pour survivre, avec comme difficulté supplémentaire, leur incommensurable retard sur le numérique qui est leur seul et unique chance pour dégager un minimum de chiffre d’affaire.
Amazon se défend en communiquant sur le fait qu’ils ont embarqué depuis 2019, quelques 10 000 TPE et PME Françaises sur leur plateforme et qu’en temps de pandémie, ils proposent des souscriptions gratuites (pour un montant de 120 €) pour attirer les commerçants locaux à vendre sur sa marketplace (place de marché).
Pour repousser Amazon, une partie du gouvernement Français est même allé jusqu’à repousser d’une semaine  la date qui représente à elle seule le temple de la surconsommation, l’éminent Black Friday. Mais la gourmandise d’Amazon est telle, que rien ne les arrête. Ultime coup de tonnerre du géant, l’Amazon Prime Day est lancé avant les soldes d’été des commerçants Français. 48 heures d’opérations commerciales où les petits veinards qui ont souscris à l’abonnement Prime, en déboursant la modique somme annuelle de 49 €/an ou 5,99 €/mois, pourront bénéficier de pléthore d’offres en tout genre, pour gaver nos foyers d’accessoires high-tech, produits de beauté, mobilier et outils de bricolage en tout genre.
Et, afin de ne pas en louper en miette, Amazon va jusqu’à offrir 30 jours d’essais gratuits à son abonnement Prime, pour être sûr d’aller endoctriner ceux qui hésitaient encore à passer dans le côté obscur de la force Amazon.
Mais c’est sans commune mesure que le collectif de « Sauvons nos Commerçants », fort de la pugnacité de plus de 500 000 commerçants en France, s’est regroupé pour déclarer une guerre ouverte contre Amazon et ses méthodes cavalières. Le combat sera vain pour cette fois car, leurs efforts n’ont pas abouti. Même le gouvernement français a du abdiquer, en situation d’impuissance face à au vil géant du e-commerce, remettant même en question la souveraineté économique de l’Etat Français, face aux entreprises étrangères officiant sur le territoire.
Mais comment expliquer cette précipitation ? Deux théories possibles.
La première, serait que cet été, sortie de crise, les Français ont envie de se faire plaisir et de dépenser plus, mais vont rester majoritairement en France. 86 % des Français déclarent rester en France pour leur vacances. Cela représente un budget dépense plaisir plus conséquent que les autres années car en 2020, 92 % des Français consacraient 500 € à 1 500 € contre seulement 59 % en 2021, dont 28 % auront plus de 1 500 € contre 8 % en 2020. Amazon chercherait alors à saisir cette opportunité avant que les vacances d’été pointent leur nez autour du 6 juillet.
La deuxième et non des moindres, la réglementation européenne de la TVA entrera en vigueur dés le 1er juillet et risque de toucher de près les marketplaces, car les consommateurs seront dans l’obligation de payer de la TVA sur tous leurs achats. Avant cela, ils bénéficiaient d’une exonération de la TVA sur les envois de faible valeur importés, ayant une valeur maximale de 22 €.
Amazon a pris possession de nos modes de consommations avec des actions qui sont, pour reprendre les dires du ministre Alain Griset « moralement plus que contestable ». Cependant, les consommateurs sont aussi de plus en plus sensibles à la traçabilité de leurs achats, leur empreinte écologique. Le fait de consommer de manière beaucoup plus locale, durable et responsable. Il est primordial d’inculquer ces valeurs aux générations à venir pour continuer à faire perdurer l’économie locale qui compose la fierté de nos régions et qui forme les jeunes à des métiers de traditions.
Pour conclure, certes le rouleau compresseur Amazon asphyxie nos commerçants locaux qui se battent depuis plusieurs années (et depuis bien avant la Covid) pour survivre. Mais rappelons tout de même que vivre avec son temps est primordial. En 2019, seulement 15 % des commerçants indépendants en France avaient accès au numérique : une page sur les réseaux sociaux, un référencement sur un annuaire (ex : Google My Business), un site web. Contre 75 % pour nos voisins allemands.
De nos jours, le digital est ancré dans nos mœurs et c’est facile d’observer à quel point, il fait partie de notre quotidien : l’immense majorité de la population possède un smartphone. Les enfants en bas âges savent déverrouiller un smartphone avant de balbutier leur premiers mots. Il est possible de faire une visite guidé les plus beaux monuments dans le monde grâce à son smartphone. Et la liste d’exemple peut encore s’agrandir. Il y a plus de 10 ans, Amazon a su prendre possession du numérique et le tourner à son avantage pour envahir le monde et développer ses offres, toutes plus performantes les unes que les autres, en utilisant les toutes dernières technologies.

Jessica Nguyen
Directrice Europe de FlipNpik

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