Menace de pénurie sur la moutarde pour les industriels français
La Fédération des industries condimentaires de France (FICF) redoute une pénurie de moutarde. Les fabricants français font face à des difficultés importantes d’approvisionnement en graines de moutarde, la matière première devenant de plus en plus rare. Le Canada, un des plus gros exportateur mondial de graines de moutarde, a réduit de 50% ses hectares plantés depuis deux ans, auquel il faut rajouter une récolte 2021 mauvaise à cause de conditions climatiques extrêmes. Alors qu’il produisait historiquement plus de 200 000 tonnes de graines de moutarde (brune, blanche ou orientale), le Canada est passé à moins de 100 000 tonnes.
Il en résulte une multiplication par quatre ou par cinq des prix de la graine de moutarde, et des productions de moutarde d’ores et déjà suspendues, la production de graine brune couvrant moins de 50% des besoins annuels des industriels français.
Relancer la production de moutarde en France
Engagés depuis 30 ans dans l’AMB (Association Moutarde de Bourgogne), les principaux fabricants de moutarde français, de concert avec les agriculteurs et l’Université de Bourgogne, ont réussi à produire plus de 10 000 tonnes de graine de moutarde en France, soit environ 1/3 des besoins annuels de la filière. Malheureusement, ces trois dernières années, les volumes ont fortement baissé du fait de mauvaises récoltes, fragilisées par des insectes ravageurs, pour lesquels le traitement habituellement utilisé a été interdit en France. Ainsi, alors qu’elle constituait une filière exemplaire, celle-ci est aujourd’hui menacée.
Face aux difficultés d’approvisionnement et à la flambée des prix, les acteurs de la filière en appellent à plus de soutien de l’Etat. Ils jugent en effet indispensable et urgent d’accélérer le développement de la culture de la graine de moutarde en France et de regagner en souveraineté nationale pour ne plus être dépendant des importations, d’autant plus qu’il s’agit d’un produit emblématique de la culture culinaire française. Si tous les acteurs de la filière en sont pleinement conscients et fortement mobilisés en ce sens, ils souhaitent que le Gouvernement s’empare du sujet.